STORY.
LE JOURNAL DE KAREN Je m'appelle Karen, suis avocate. J'ai 48 ans, suis née
en Angleterre, ai fait mes études de droit à Paris, adopté la nationalité
française, suis mariée à Pierre. Nous avons une fille de 18 ans, Julia, nommée
ainsi à cause de la chanson éponyme des Beatles. Mais notre couple ne va pas
bien du tout. Je crois me dévouer sans retenue pour des causes auxquelles je
crois, immigrés sans papiers, expropriés etc. Je suis assez militante et
n'hésite pas à me mouiller. Mes journées sont harassantes. Mon mari se moque de
mon travail et des résultats que j'obtiens. Je travaille tant que j'ai peu de
véritables amis. Gilles un autre avocat qui travaille dans le même cabinet est
sans doute la personne qui m'est la plus proche mais il est très loin d'avoir
accès à la moindre parcelle d'intimité. J'aimerais divorcer, recommencer
quelque chose, mais il y a Julia. Je suis seule et la dépression me guette,
alors j'ai commencé ce petit journal dont je vous livre quelques extraits. Mercredi
11 mars Je cherche, je ne sais pas. Ce soir, je reste tard au
bureau, je tapote sur mon minitel une adresse que j'ai vue sur un mur. Je le
fais sans désir, presque machinalement comme une chose sans issue que je
n'aurais pas essayée. On me demande un pseudo, j'inscris juste Karen, n'étant
pas prête pour les fantasmagories minitellistes. Les contacts sont ennuyeux. Un
correspondant écrivant sous le pseudonyme d'Imper Vinyle entre en liaison avec
moi avec une question pour le moins surprenante : "Que portez-vous quand il pleut ?". Je suis
presque décidée à arrêter cette expérience un peu lamentable lorsque je réponds
à la va-vite : "Un ciré". "J'adore les cirés, comment est le vôtre ?" "Un ciré jaune que je mets lorsque je vais à la mer,
c'est tout" "Vous n'en avez pas d'autres ?" "Quelles sont ces drôles de questions ? - En tapant cela, je fais attention pour la
première fois au pseudonyme de ce mystérieux compagnon d'écran - Cela a à voir
avec votre pseudonyme ?" "Oui, j'aime les femmes qui portent ce type
d'imperméables." "Vous auriez dû me connaître lorsque j'étais jeune,
j'en portais tout le temps lorsque je vivais en Angleterre." "J'aimerais vous rencontrer ainsi vêtue." "Pardon ?." "J'aimerais vous rencontrer ainsi vêtue." "Mais pourquoi faire ?" "Juste vous voir" " … Après tout pourquoi pas … Jeudi en huit en haut
des Buttes-Chaumont à 10 heures du matin." "Merci Karen, j'y serais." En rentrant chez moi, je suis presque guillerette d'avoir
fixé un rendez-vous de façon aussi légère, moi, si minutieuse, si rationnelle,
si organisée. Vendredi
13 mars La pensée de ce rendez-vous me poursuit et je me résous à
aller m'offrir un ciré. Mon vieux ciré jaune n'étant guère présentable. J'en trouve un joli, un trench court à
ceinture, d'un noir très profond et très brillant. Comme à l'accoutumée en
rentrant chez moi, Pierre ne me demande rien, seule Julia intervient en voyant
mon sac. "Tu t'es acheté quelque chose Maman ? Montre !" Je sors le ciré du sac. "C'est joli, commente Julia, quelle bonne idée
Maman." Pierre quitte la pièce avec un air méprisant sans même
participer à la conversation. Cela fait longtemps qu'il ne voit plus rien de ce
que je porte. Samedi
14 mars J'essaie mon ciré devant la glace, mais ne sort pas avec.
Mardi
17 mars Après quelques hésitations, je laisse mon ciré dans la
penderie. Jeudi
19 mars Je pense à l'absurdité de ce contact par minitel. Je
pense aussi à l'absurdité de ma vie de couple. Alors absurdité pour absurdité,
je me rends aux Buttes-Chaumont, vêtue d'une jupe courte, d'un pull, de bas, de
chaussures, tous noirs et de mon trench en vinyle ceinturé et encore plus noir.
Ma longue chevelure châtain vaguement ondulé tombe sur l'imperméable. Mes
lunettes ovales ajoutent à l'ensemble une touche de jeunesse étudiante. Je me
sens ravissante pour la première fois depuis longtemps. Je traverse le pont du
parc puis monte jusqu'au sommet. J'aime me promener dans cet espace que je
connais bien et attends là pendant une bonne heure. Mais l'inconnu ne viendra
pas. Je quitte les Buttes, un peu déçue, me disant que c'était
stupide. Je me demande ce que je fais dans cette tenue. Je ne me sens plus
ravissante du tout. La tristesse de la situation si dérisoire m'envahit. Je ne
peux me retenir de pleurer. Je passe devant un café où les deux seules personnes
assises en terrasse me font signe. Il s'agit de Gilles, un collègue avec qui je
partage pas mal d'idées, et de sa femme Catherine. Toute embarrassée de mes
yeux humides, je ne puis faire autrement que m'approcher pour les saluer. "Mais qu'as-tu ? " dit Gilles "Oh rien, des bricoles sans intérêt". Je m'assieds, après un court silence Catherine s'adresse
à moi. "J'aime beaucoup votre ciré, où l'avez-vous eu
?" "Tu peux tutoyer Karen, Catherine, enfin je
crois." "Bien sûr Gilles. Je l'ai acheté, il y a trois jours
chez Carducci." "Il te va à merveille." "C'est vrai, renchérit Gilles." "Gilles a un faible pour les femmes en
imperméables" "Chérie !!!". Gilles rougit instantanément. Je m'amuse de la situation. Nous parlons ensuite de tout
et de rien. Cette conversation me détend. "Appelle -moi donc
demain." Me dit Catherine. Je rentre chez moi. Cette rencontre a heureusement
atténué ma déception de collégienne. Vendredi
20 mars J'appelle Catherine. "Bonjour, Karen, êtes-vous libre demain
samedi." "N'avions-nous pas dit que nous nous tutoierions…
Demain après-midi oui". "Parfait, que diriez-vous … Que dirais-tu d'aller
faire quelques emplettes ensemble ? Ton ciré m'a fait très envie, j'irais
volontiers en m'en acheter un. Pas le même modèle rassure-toi." Je suis de plus en plus intriguée par ces histoires de
cirés qui semblent animer soudain tant de gens. D'un autre côté, je retrouve un
sentiment de jeunesse, moi qui ai grandi à la fin de la comète du Swinging
London. Samedi
21 mars Le samedi, nous faisons les magasins. Catherine s'offre
un long ciré noir et m'incite à m'acheter une jupe de vinyle, des bottes et un
autre ciré rouge très brillant, avec une fermeture éclair, très sixties. Ces
multiples essayages déclenchent une joie simple et beaucoup de rires. Lundi
22 mars J'arrive au Palais avec mon ciré rouge à fermeture
éclair. Je suis un peu en retard et lorsque je vais pour enlever mon ciré, la
fermeture se coince. Comme je suis pressée, je m'y prends mal et ne parviens
pas à la décoincer. Il est trop tard, j'enfile ma robe d'avocate par-dessus mon
ciré rouge. Les bruits glissés du ciré sont patents pendant ma plaidoirie. Je
n'en ressens pas vraiment d'embarras, cet incident me dynamise plutôt. De
retour au bureau, c'est ma secrétaire Evelyne, qui avec le calme et la légèreté
qui sont les siennes a fait glisser le zip pour me libérer. Elle me complimente
et me demande d'essayer l'imper. Il lui va à merveille. Mardi
23 mars Pierre est odieux. Vraiment odieux. Quand
aurais-je le courage de le quitter ? Mercredi 24 mars Il pleut. Évelyne arrive au bureau avec un
ciré bleu nuit. "Comment le trouvez-vous ? Je n'ai pu
résister. J'aurais voulu acheter un rouge, mais j'avais peur qu'on soit trop
pareil." "Mais je n'ai rien contre, Evelyne,
puisque nous sommes réellement différentes, comme de vrais êtres humains, nous
ne courrons aucun risque à nous habiller pareil" L'après-midi, je m'absente quelques instants
et vais chercher un ciré rouge pour l'offrir à Evelyne. Je rentre au bureau et
lui donne. "Voilà Evelyne, ce ciré rouge dont vous
aviez envie. Je me sentais mal de vous empêcher de le porter parce que j'en
avais un. Et puis ce sera amusant d'être toutes les deux ainsi vêtues. Et vous
pourrez mettre votre ciré bleu marine quand vous voudrez comme je mettrais mon
noir." "Vous en avez un noir aussi ?" "Oui ma chère Evelyne, il y a quelque
chose qui se passe en ce moment avec ce vêtement." "Vous savez Karen, j'aime vraiment
travailler avec vous, j'ai beaucoup de respect pour vous." Je ne crois pas avoir jamais été pareillement
aussi profondément touchée, que par cette phrase. J'aurais pu prendre Evelyne
dans mes bras et la serrer si fort. Quelque chose renaît en moi et les
imperméables sont la parure de cette renaissance. Jeudi 25 mars Il pleut toujours. Je vais au bureau avec mon
ciré rouge et mes bottes vernies noires. Évelyne est déjà là. Elle me voit et
sourit. Son ciré rouge est accroché au porte manteau.
Je lui demande si elle veut déjeuner avec moi. Nous sortons ensemble à midi
avec nos cirés rouges étincelants. Nous croisons Gilles que je présente
brièvement à Evelyne car il est pressé. Cette rencontre ralentit visiblement
son élan. On nous regarde. Cela nous amuse. À table, nous parlons comme jamais
nous ne l'avons fait avec Evelyne. Je me confis à elle. En l'espace de ce
repas, Evelyne est en train de devenir mon amie. L'après-midi, Catherine me
rappelle pour me dire combien elle a aimé notre promenade de samedi dernier et
me demande si je veux aller au cinéma le soir. Je lui dis que je serais bien retournée
voir Masculin Féminin de Jean-Luc Godard qui passe dans le Quartier Latin dans
le cadre d'une rétrospective du cinéaste. Elle acquiesce. Nous nous retrouvons
le soir à l'entrée de la salle. Elle porte son ciré noir. Notre petit duo rouge
et noir fleure bon une petite révolution personnelle. Masculin Féminin m'avait
beaucoup frappé lors de mon arrivée à Paris, mais je ne me souvenais plus que
Catherine Isabelle Duport y portait un ciré noir. Chaque apparition d'un ciré devient pour moi
un signe. Pendant la projection, Catherine me prend la main. Il ne semble rien
y avoir d'équivoque dans son geste. À la sortie, il pleut et nous marchons
tranquillement jusqu'à un restaurant japonais du voisinage. Débarrassées de nos
imperméables, nous dînons en évoquant le film, la jeunesse des années soixante,
le temps qui passe jusqu'au moment où la conversation glisse sur ma situation
de couple. "Tu ne peux rester ainsi Karen." "Je sais Catherine, mais c'est comme-ci,
je n'avais plus en vue l'endroit où aller, comme-ci j'étais perdue dans
l'océan." "Une femme qui fait tant pour la liberté
des autres ne peut être à ce point prisonnière. Il faut que nous nous voyions
davantage Karen." Il y a quelque chose de grave dans sa voix
qui me fait réaliser où j'en suis sans doute, ce que je projette sur les
autres. Puis la conversation devient plus légère. "Dis-donc, je dois te dire que toi et ta
secrétaire avez fait un sacré effet sur Gilles avec vos cirés rouges." Je ris. Elle poursuit. "Tu sais, Gilles m'a toujours avoué être
un peu fétichiste et depuis que je porte ce ciré noir, il redouble d'ardeur. Je
ne vais donc pas me priver d'agrandir cette garde-robe." Je la prie de m'en dire un peu plus et elle
me parle de ce fétichisme si particulier, lié à la pluie, qui anime certains
hommes, souvent les plus sensuels et délicats, plus en tout cas que ceux qui
s'adonnent aux fétichismes plus répandus du cuir ou des sous-vêtements. Elle me
parle d'un couple d'amis à elle, André et Marie-Claude, passionnés tous deux
d'imperméables et ne s'en cachant pas. Elle me dit de quelle façon la femme
peut rejoindre ce fétichisme pour plus d'intimité et de libération. Nous nous
quittons, non sans nous être longuement serrées l'une contre l'autre dans le
bruissement révélateur de nos cirés noirs et rouges. Je rentre chez moi en repensant à tout ce que
Catherine m'a dit, l'idée de voir Pierre ce soir-là, m'est insupportable, je ne
l'accepte pas. En rentrant, je frappe à la porte de la chambre de Julia. "Tu dors chérie." "Oui … Enfin … Non-maman." "Je voulais parler un peu avec toi. Je
peux." "Bien sûr maman, assied toi." Je m'assieds sur son lit sans avoir défait
mon ciré. "Tu es marrante dans cet imperméable.
Qu'est-ce qui t'a pris d'en acheter deux en si peu de temps." "Je crois bien que j'en achèterais mille
si je savais que chaque imper signifiait pour moi autant de libération." "Que veux-tu dire ?" "Oh rien, simplement qu'il se passe
beaucoup de choses en moi en ce moment et que ces cirés en sont les signes
extérieurs." "Tu es unique maman." "Il va falloir que les choses changent
ici, tu vois bien qu'avec ton père, ce n'est plus possible." "Je sais." Elle se met à pleurer et se blottit dans mes
bras. Une étreinte complémentaire à celle, précédente, avec Catherine. Vendredi 26 mars Je vais au bureau en jupe de vinyle que je
mets pour la première fois assortie de mes bottes vernies noires et
naturellement mon trench en ciré noir. Aujourd'hui
Evelyne a mis son imper bleu. Nous déjeunons ensemble. Ces déjeuners avec
Evelyne sont des moments nouveaux de paix et de réconfort. Elle est très amusée
par ma tenue du jour et me demande si je ne veux pas passer la journée du
samedi avec elle. Je lui réponds que j'avais déjà fait la promesse à Catherine,
mais que je ne pense pas qu'il y ait d'inconvénient pour Catherine pour qu'elle
se joigne à nous. En tout cas je suis plus que sensible à son offre. De retour
au bureau, j'appelle Catherine pour lui demander si Evelyne peut se joindre à
nous. "Mais bien sûr" répond elle avant d'ajouter. Mais ne nous
habillons pas en ciré demain. Samedi 27 mars Il pleut des cordes et il m'est bien
difficile de respecter la demande de Catherine. Nous nous retrouvons toutes les
trois dans un café. Après de brèves présentations, Catherine s'adresse à nous
comme si nous étions toutes trois membres d'un complot. "C'est une grave erreur mes amies,
d'être sorties sans imperméable. Que diriez-vous d'aller nous en procurer de
suite." Nous rions comme des gamines et partons vers
le premier magasin où nous optons toutes trois pour trois grandes capes de
plastique transparent à capuche. "Désormais nous sommes la Bande des
Cirés, celle que l'on désire." Lance Catherine comme si nous étions les
mousquetaires de la pluie. Cette bande des Cirés a des allures de bande
dessinée. Nous passons toute cette journée pluvieuse dans une joie
merveilleuse. Nous montons même à la Tour Eiffel. Lundi 29 mars Catherine m'appelle : "J'ai envie de vous inviter jeudi soir,
toi et Evelyne, à dîner. " J'en parle à Evelyne qui accepte bien
volontiers. Mardi 30 mars Dans ma boîte aux lettres, un petit mot de
Catherine posté la veille. "Pour jeudi soir 20 heures, Evelyne et toi
serez en ciré rouge et si possible en bottes." J'en parle à Evelyne qui
accepte naturellement en me demandant si elle peut prendre un peu plus de temps
à l'heure du déjeuner pour aller s'acheter des bottes. Elle revient vers trois
heures et demie avec deux paires, une paires de bottes
vernies à petits talons assez similaires aux miennes et une paire de bottes en
caoutchouc noires très brillantes. "Que pensez-vous que je doive choisir
pour jeudi ?" "Pourquoi pas celles en caoutchouc. Mais
pour aujourd'hui mettez donc celles qui sont en cuirs vernis. Je vais vous
aider" La sensation d'enfiler ces bottes à Evelyne
est très douce. Je reste un moment à genoux à les caresser. Jeudi 1er avril Évelyne et moi arrivons ensembles chez
Catherine ; toutes deux vêtues de nos cirés rouges, de bottes noires, de jupes
en vinyle. Catherine nous ouvre, vêtue à l'identique de rouge et de noir. "Gilles n'est pas là ce soir ?" " Non ! J'ai profité d'une de ses soirées
d'absence. Nous voyant comme ça toutes les trois aurait pu lui coûter une
attaque." Catherine nous demande de nous déshabiller
pour remettre uniquement nos cirés et nos bottes. Comme nous hésitons, elle
soulève son ciré rouge pour nous montrer qu'elle nous a devancé. Comment
pouvions-nous douter un seul instant ? La bande des cirés se doit une confiance
absolue, n'est-ce pas ! Une fois toutes nues sous nos impers, Catherine nous
sert à boire et nous nous installons. Nous parlons comme si de rien n'était. Nos
mains se promènent facilement sur le ciré de l'autre : une petite tape
ponctuant une phrase, une caresse rêveuse. Soudain la sonnette retentie. Évelyne
et moi nous regardons et Catherine se lève sans panique pour aller ouvrir dans
une tenue, disons, singulière pour être à l'intérieur. Un couple se tient à la
porte, une soixantaine d'années peut-être, vêtus de grands imperméables noirs
de caoutchouc brillant, de bottes de caoutchouc et coiffés de suroîts. Je
comprends qu'il s'agit d'André et Marie-Claude dont Catherine m'a déjà parlé. Ils
n'ont d'yeux que pour nos cirés mais avec une impeccable distinction. Catherine
fait les présentations. Un impressionnant silence s'ensuit. Catherine me pousse
légèrement vers eux. André pose sa main sur mon imperméable rouge, silencieux,
Marie-Claude fait de même. Seul le crépitement de leurs caresses sur mon
vêtement dérange le lourd silence. Puis tous d'eux s'allongent sur le sol. Je
ne sais que faire. Catherine me fait signe d'approcher. Évelyne semble acquiescer.
Je m'agenouille timidement près d'André. Il me prend doucement la main et la
fait glisser sur son imperméable. Il y a quelque chose de généreux dans son
geste. Afin d'être plus à l'aise, je finis par enjamber son corps. Marie-Claude
est à côté, imperturbable. Ma botte droite se trouve contre elle. Catherine et
Evelyne nous regardent, elles aussi se tiennent par la main. Cela
m'impressionne terriblement. Je commence à lécher l'imperméable d'André. Petit
à petit, je m'enivre de ce contact de ma langue avec le caoutchouc. La tête de
Marie-Claude est tout contre celle d'André, leur deux
suroîts sont collés. Après avoir copieusement offert mon humidité au ciré
d'André, je pose mes lèvres sur les siennes puis celles de Marie-Claude, puis
d'André puis de Marie-Claude puis d'André ; à chaque fois plus humides. Mon
cœur bat très fort. Je les embrasse à tour de rôle. Les imperméables bruissent.
Les langues se nouent, glissent comme les corps abrités dans les manteaux de
pluie. Marie-Claude et André se tiennent par la main pendant que je dirige ma
bouche vers le sexe de Marie-Claude en écartant l'imperméable. Alors qu'elle
commence à ne plus retenir son excitation, je quitte momentanément son clitoris
pour écarter le ciré d'André et happer son sexe à pleine bouche. Je ne le
quitte que lorsque je le sens à la limite de s'abandonner. Je reviens ensuite à
celui de Marie-Claude et ainsi de suite jusqu'à ce qu'ils soient au-delà de
tout contrôle pour une sorte d'orgasme à trois absolument stupéfiant. Car je
ressens quelque chose d'indescriptible. À suivre © Antoine Galtier 2005 |